Le Potager du Roi fut créé à Versailles sous Louis XIV par La Quintinie. Ce génie du
jardinage inventa la culture sous chassis et cloche de verre, ainsi que le forçage des légumes (endives, barbe de capucin) et la taille des arbres fruitiers en espalier. On peut le considérer
comme le père de la culture des primeurs qu'il mit au point pour la table du roi.
Figurez-vous qu'à l'époque, il n'y avait pas de semi-remorque venant d'Almeria et les charettes (plutôt
lentes sur les chemins caillouteux bordés d'orties) ne venaient que des environs directs de la ville.
Il est donc juste de rendre hommage à un grand homme, dont l'oeuvre fut plus
utile que celle - purement esthétique - de Le Nôtre, plus connu et généralement cité. Et
ce n'est pas Alain Baraton - jardinier en chef de Versailles - qui me contredira sur ce point.
Le festival Orties
Folies avait donc choisi ce cadre prestigieux pour son édition 2010, gratifiée par un temps superbe.
Les exposants étaient plus ou moins les mêmes que
les autres années, avec un changement cependant. Nos amis belges étaient absents (peut-être pour des raisons de calendrier, la date du festival étant plus tardive que l'an passé). Mais nous
avions une délégation d'admirateurs portugais de l'ortie, proposant un excellent pain à l'ortie.
La confrérie portugaise revêtait une superbe cape
brune faisant pâlir d'envie Bernard Bertrand, qui n'avait que des vêtements un peu ringards à proposer à ses confrères.
Je passe sur les échanges de titres et de
costume.
Au
premier plan à gauche, Bernard Bertrand, porte-parole de l'association des amis de l'ortie. A droite, le président Dominique Jeannot.
Les conférences tournaient sur les sujets habituels : " Qui veut la mort du purin d'orties ? ", ainsi que
les usages de l'ortie en agriculture et comme plante médicinale. Dommage que ce dernier sujet soit un peu négligé, avec des conférenciers qui n'abordent pas le sujet en profondeur. Un médecin
spécialisé en phytothérapie ou une pharmacienne-herboriste aurait été le bienvenu.
Malgré la proximité de la capitale, il y avait moins d'affluence le dimanche après-midi que l'an passé à La Haye de Routot, en Normandie. Pour ceux
qui ne connaîtraient pas, c'est le fief des irréductibles gaulois qui vénèrent l'ortie.
A ce propos, je vais vous révéler un secret que Panoramix n'a jamais divulgué : le principal ingrédient de la potion magique
est...la graine d'ortie. Sauf que Goscinny a quelque peu exagéré la rapidité de ses effets.
Pour ce qui est du repas d'Orties Folies 2010, il fallait s'armer de patience, le président Dominique Jeannot distrayant les convives par des
pitreries pendant que sa fille s'employait à la caisse.
Le menu végétarien, tout en étant rustique, a satisfait les palais peu accoutumés à manger de
l'ortie.
Le "Croqu'ortie (à la moutarde) gratiné au four" a remporté les suffrages, de même que la "Soupe d'ortie du Roi
Soleil".
Suivaient le "Méli-mélo de petits légumes aux orties, avec sa garniture de semoule aux orties", puis la "Tomme de vache aux orties" et le
"Choc'ortie de tonton Bruno".
Le dimanche après-midi avait lieu l'intronisation des nouveaux membres de la confrérie des amis de l'ortie, suivie d'une conférence champètre
d'Alain Baraton devant un public captivé, principalement féminin.
Il faut dire que le jardinier en chef du Parc du Château de Versailles est un orateur plein de
verve.
En plus de son travail proprement dit, il trouve le temps d'écrire deux livres par an, d'assurer une rubrique sur France Inter les samedi et
dimanche matin, de donner des consultations en Suisse et de conduire la création du jardin d'un milliardaire chinois.
Est-ce pour ses brillants états de service ou pour une recommandation efficace qu'il eut droit à une jolie médaille
?
En tout cas, il semblait en faire moins de cas
que Claude Bureaux, ex-jardinier en chef du Jardin des Plantes et chroniqueur sur France Info (à droite sur la photo).
A
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