Dans l'antiquité, l'ortie était une plante vénérée. Les grecs, qui en étaient très friands, la consommaient comme légume au printemps ; et le naturaliste romain Pline l'ancien, précise dans sa monumentale Histoire Naturelle que l'ortie était « d'observation religieuse pour beaucoup », et censée protéger des maladies pour l'année. Comme Pline l'ancien avait été officier de cavalerie en Germanie, il faisait certainement allusion aux Germains.
Précisons que l'ortie était consacrée à Donar (ou Thunar), le chef du panthéon germanique et maître du tonnerre. Du reste, en vieil allemand, l'ortie se disait Donnernessel ou Donnernettel, ce qui signifie « ortie-tonnerre ». Elle était censée protéger de la foudre.
L'ortie occupe une place particulière dans la culture allemande, en particulier au nord de l'Allemagne. On la retrouve dans les armoiries du Schleswig Holstein (XIIème siècle) et dans un conte de Grimm « Demoiselle Maline » inspiré d'une tradition populaire issue de la même région. Elle a été cultivée à grande échelle pour sa fibre textile au XIXème siècle et au début du XXème.
En Scandinavie, elle était consacrée à Thor (l'équivalent du Donar germanique), utilisée également pour sa fibre textile, et on a retrouvé des graines d'ortie dans des tombes Viking.
Au Danemark, on a même trouvé la tombe d'un dignitaire du néolithique vieille de 2800 ans. Son
squelette était enveloppé dans un linceul en fibre d'ortie placé à l'intérieur d'une urne de bronze. Une recherche de strontium (isotope radioactif) a permis de déterminer que le linceul et le
bronze provenaient sans doute d'Autriche !
Le lin étant largement cultivé en Europe à
l'époque néolithique, l'utilisation de fibre d'ortie comme linceul indique que cette matière était considérée comme précieuse.
Cette vénération des anciens peuples indo-européens pour l'ortie remonte certainement à des milliers d'années avant l'ère chrétienne ; d'ailleurs le mot qui désigne l'ortie en latin VRTICA, est presque le même qu'en sanskrit VRSCIKA, signe que les deux mots ont la même racine linguistique, exactement comme le mot qui désigne le feu dans les deux langues.