16 août 2009
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Le soja, une panacée ?
Le Brésil est actuellement le premier producteur mondial de soja, et la France son principal client. Ce
soja, majoritairement OGM, est cultivé sur des terres gagnées sur la forêt équatoriale, à l'aide de quantité d'engrais chimiques et de pulvérisations aériennes de déserbants sélectifs du type
Round Up de Monsanto. Ces épandages toxiques empoisonnent les champs des petits agriculteurs riverains et contaminent les rivières utilisées par les indiens pour se nourrir de la
pêche.
L'Europe, et en particulier la France, achète du soja pour enrichir en protéines les granulés et tourteaux (résidus des graines pressées après extraction de l'huile) destinés à l'alimentation animale. La France est en effet un gros producteur de céréales, mais celles-ci sont carencées en lysine, acide aminé contenu au contraire en quantité importante dans le soja. Légumineuse riche en lipides, le soja intéresse l'industrie agroalimentaire du fait de son taux élevé de protéines.
Suite à l'épidémie d'ESB dans les années 90 et à l'interdiction de l'utilisation des farines animales dans l'alimentation des bovins qui a suivie, l'Europe s'est tournée vers le soja, devenant ainsi très dépendante de ses importations pour assurer sa production de viande.
Aujourd'hui, l'élevage de poulets de chair constitue la principale utilisation des tourteaux de soja importés en France (32 %), suivi par l'élevage bovin laitier (29 %), celui des porcins (15 %), des bovins-viande (10 %) et des poules pondeuses (8,5 %).
Mais le soja présente de sérieux inconvénients, trop souvent passés sous silence : sa graine contient en effet des facteurs anti-nutritionnels (inhibiteurs de protéases, hémaglutinines ou lectines, acide phytique, uréase etc) qui, suivant les cas, bloquent la digestion des protéines, de la vitamine B 12, des minéraux et des polysaccharides, ou peuvent entrainer une intoxication à l'ammoniac en cas d'ingestion importante.
Pour neutraliser ces éléments toxiques, le soja doit avoir subi une transformation avant consommation (fermentation, extrusion etc), que ce soit pour l'alimentation humaine ou animale. Les asiatiques ont du reste toujours utilisé le soja fermenté.
Le soja est par ailleurs une plante riche en phyto-hormones, qui peuvent réduire les symptômes de la ménopause chez la femme, mais qui sont aussi un facteur de féminisation chez l'homme en réduisant sa production de spermatozoïdes.
Il est donc pour le moins dangereux d'avoir construit notre production animale sur une plante aussi ambivalente.
Refuser l'élevage concentrationnaire
On se limitera à aborder dans cet article les volailles, principales consommatrices des tourteaux de soja (plus de 40 % des importations). A ce sujet, on peut citer de nombreuses raisons morales pour refuser l'élevage des poulets de chair et des poules pondeuses en batterie : surpopulation, inconfort, bruit, stress permanent, manque d'hygiène (salmonelloses chroniques), débecquage...
La compassion chrétienne incite à refuser ce genre ce traitement aux animaux, tandis que la doctrine bouddhiste estime que manger la chair de tels animaux génère un mauvais karma.
Comment peut-on vivre sainement en mangeant la chair d'animaux qui ont souffert toute leur vie dans un univers concentrationnaire ? Un minimum de réflexion conduit en effet à penser que la souffrance subie par l'animal se transmet inévitablement à celui qui en consomme la chair dénaturée. Dés lors, n'est-il pas nécessaire de boycotter les poulets et œufs de batterie, non seulement à la maison, mais dans les plats préparés, au restaurant, à la cantine ? Mis à part dans la restauration haut de gamme, il faut savoir en effet que la grande majorité des poulets et œufs utilisés proviennent d'élevage de batterie. Et il ne faut pas s'attendre à manger autre chose dans un fast food.
Est-il vraiment nécessaire de consommer autant de viande, et de si piètre qualité ? Ne vaut-il pas mieux réhabiliter les légumes secs, excellentes sources de protéines, et ne consommer une volaille fermière que le dimanche comme le faisaient nos ancêtres ?
Car il existe des volailles bio ou élevées en libre parcours, qui ont mené une vie à peu près normale, contrairement aux poulets de batterie qui n'ont jamais vu un brin d'herbe de leur vie.
En ce qui concerne les poules pondeuses, seuls les œufs bio (code 0) et ceux issus de poules en libre parcours (code 1) sont acceptables.
L'ortie remplace avantageusement le soja
L'ortie n'a rien à envier au soja. La feuille d'ortie sèche contient le même pourcentage de protéines que la graine de soja. En ce qui concerne les sels minéraux, l'ortie est largement gagnante, puisque le taux de calcium des jeunes feuilles séchées est dix fois supérieur, quatre fois pour le fer. La teneur en magnésium est également très supérieure chez l'ortie.
Alors que le soja a une teneur très élevée en purines, génératrices d'acide urique, qui favorise les maladies rhumatismales et les troubles rénaux, l'ortie soigne au contraire ces maladies, car elle est l'une des meilleures plantes médicinales pour éliminer l'acide urique et combattre la goutte qui en résulte.
Parmi les volailles, il en est une dont la croissance est particulièrement délicate, il s'agit du dindon. Ayant des besoins importants en fer au moment du développement de leur crête, les dindonneaux étaient traditionnellement nourris d'orties hachées durant deux semaines à cette époque. On retrouve cette pratique dans toute l'Europe.
Il est notoire également que les feuilles d'ortie activent la ponte, comme en témoigne le proverbe : " Une ortie dans le poulailler, c'est un œuf de plus dans le panier ". Comme tous les oiseaux, la volaille apprécie beaucoup les graines d'ortie à l'automne. Et l'ortie renforce par ailleurs les défenses immunitaires de la volaille.
Mais l'ortie a aussi un intérêt indirect pour l'éleveur avicole, c'est la grande diversité d'insectes attirés par cette plante. Car ces insectes font partie de l'alimentation naturelle des poules, ils sont riches en protéines et permettent d'obtenir des jaunes colorés, presque oranges, que l'on ne rencontre que chez les œufs de poules élevées en libre parcours. Non seulement les volailles peuvent manger des feuilles d'ortie à leur guise, mais elles trouvent tout un garde-manger sur les feuilles.
On voit tout l'intérêt pour l'éleveur avicole de semer de la petite ortie (Urtica urens) dans les enclos réservés à sa volaille. D'autant plus que la petite ortie apprécie beaucoup le fumier de volaille. Mais il faut savoir qu'une fois installée, elle ne quittera plus les lieux.
Dans notre livre " Les vertus de l'ortie ", nous avons suggéré de développer la culture de l'ortie en Bretagne, où la plante, vorace en fumure organique, pourrait bénéficier des surplus de lisier, qui provoquent les marées vertes sur le littoral. Nous avions oublié les élevages avicoles. Mais la méthode que nous préconisons, si elle réduit le coût de l'alimentation des volailles et le temps de travail de l'éleveur, est mieux adapté aux élevages en libre parcours, plus respectueux de l'animal, qu'aux élevages en batterie que nous dénonçons.
Question subsidiaire : Savez-vous quel est le plus gros bénéficiaire français des subventions de la Politique Agricole Commune entre octobre 2007 et octobre 2008 ?
Le géant de la volaille Doux, avec 62,82 millions d'Euros, suivi par toute l'industrie sucrière et un autre exportateur de volaille 1er prix : Tilly-Sabco (20,52 M€).
En somme, l'Europe récompense la cruauté érigée en art de vivre et les usines qui fabriquent des diabétiques et des obèses à la chaine.
Il y a quelque chose de vicié dans le système !
L'Europe, et en particulier la France, achète du soja pour enrichir en protéines les granulés et tourteaux (résidus des graines pressées après extraction de l'huile) destinés à l'alimentation animale. La France est en effet un gros producteur de céréales, mais celles-ci sont carencées en lysine, acide aminé contenu au contraire en quantité importante dans le soja. Légumineuse riche en lipides, le soja intéresse l'industrie agroalimentaire du fait de son taux élevé de protéines.
Suite à l'épidémie d'ESB dans les années 90 et à l'interdiction de l'utilisation des farines animales dans l'alimentation des bovins qui a suivie, l'Europe s'est tournée vers le soja, devenant ainsi très dépendante de ses importations pour assurer sa production de viande.
Aujourd'hui, l'élevage de poulets de chair constitue la principale utilisation des tourteaux de soja importés en France (32 %), suivi par l'élevage bovin laitier (29 %), celui des porcins (15 %), des bovins-viande (10 %) et des poules pondeuses (8,5 %).
Mais le soja présente de sérieux inconvénients, trop souvent passés sous silence : sa graine contient en effet des facteurs anti-nutritionnels (inhibiteurs de protéases, hémaglutinines ou lectines, acide phytique, uréase etc) qui, suivant les cas, bloquent la digestion des protéines, de la vitamine B 12, des minéraux et des polysaccharides, ou peuvent entrainer une intoxication à l'ammoniac en cas d'ingestion importante.
Pour neutraliser ces éléments toxiques, le soja doit avoir subi une transformation avant consommation (fermentation, extrusion etc), que ce soit pour l'alimentation humaine ou animale. Les asiatiques ont du reste toujours utilisé le soja fermenté.
Le soja est par ailleurs une plante riche en phyto-hormones, qui peuvent réduire les symptômes de la ménopause chez la femme, mais qui sont aussi un facteur de féminisation chez l'homme en réduisant sa production de spermatozoïdes.
Il est donc pour le moins dangereux d'avoir construit notre production animale sur une plante aussi ambivalente.
Refuser l'élevage concentrationnaire
On se limitera à aborder dans cet article les volailles, principales consommatrices des tourteaux de soja (plus de 40 % des importations). A ce sujet, on peut citer de nombreuses raisons morales pour refuser l'élevage des poulets de chair et des poules pondeuses en batterie : surpopulation, inconfort, bruit, stress permanent, manque d'hygiène (salmonelloses chroniques), débecquage...
La compassion chrétienne incite à refuser ce genre ce traitement aux animaux, tandis que la doctrine bouddhiste estime que manger la chair de tels animaux génère un mauvais karma.
Comment peut-on vivre sainement en mangeant la chair d'animaux qui ont souffert toute leur vie dans un univers concentrationnaire ? Un minimum de réflexion conduit en effet à penser que la souffrance subie par l'animal se transmet inévitablement à celui qui en consomme la chair dénaturée. Dés lors, n'est-il pas nécessaire de boycotter les poulets et œufs de batterie, non seulement à la maison, mais dans les plats préparés, au restaurant, à la cantine ? Mis à part dans la restauration haut de gamme, il faut savoir en effet que la grande majorité des poulets et œufs utilisés proviennent d'élevage de batterie. Et il ne faut pas s'attendre à manger autre chose dans un fast food.
Est-il vraiment nécessaire de consommer autant de viande, et de si piètre qualité ? Ne vaut-il pas mieux réhabiliter les légumes secs, excellentes sources de protéines, et ne consommer une volaille fermière que le dimanche comme le faisaient nos ancêtres ?
Car il existe des volailles bio ou élevées en libre parcours, qui ont mené une vie à peu près normale, contrairement aux poulets de batterie qui n'ont jamais vu un brin d'herbe de leur vie.
En ce qui concerne les poules pondeuses, seuls les œufs bio (code 0) et ceux issus de poules en libre parcours (code 1) sont acceptables.
L'ortie remplace avantageusement le soja
L'ortie n'a rien à envier au soja. La feuille d'ortie sèche contient le même pourcentage de protéines que la graine de soja. En ce qui concerne les sels minéraux, l'ortie est largement gagnante, puisque le taux de calcium des jeunes feuilles séchées est dix fois supérieur, quatre fois pour le fer. La teneur en magnésium est également très supérieure chez l'ortie.
Alors que le soja a une teneur très élevée en purines, génératrices d'acide urique, qui favorise les maladies rhumatismales et les troubles rénaux, l'ortie soigne au contraire ces maladies, car elle est l'une des meilleures plantes médicinales pour éliminer l'acide urique et combattre la goutte qui en résulte.
Parmi les volailles, il en est une dont la croissance est particulièrement délicate, il s'agit du dindon. Ayant des besoins importants en fer au moment du développement de leur crête, les dindonneaux étaient traditionnellement nourris d'orties hachées durant deux semaines à cette époque. On retrouve cette pratique dans toute l'Europe.
Il est notoire également que les feuilles d'ortie activent la ponte, comme en témoigne le proverbe : " Une ortie dans le poulailler, c'est un œuf de plus dans le panier ". Comme tous les oiseaux, la volaille apprécie beaucoup les graines d'ortie à l'automne. Et l'ortie renforce par ailleurs les défenses immunitaires de la volaille.
Mais l'ortie a aussi un intérêt indirect pour l'éleveur avicole, c'est la grande diversité d'insectes attirés par cette plante. Car ces insectes font partie de l'alimentation naturelle des poules, ils sont riches en protéines et permettent d'obtenir des jaunes colorés, presque oranges, que l'on ne rencontre que chez les œufs de poules élevées en libre parcours. Non seulement les volailles peuvent manger des feuilles d'ortie à leur guise, mais elles trouvent tout un garde-manger sur les feuilles.
On voit tout l'intérêt pour l'éleveur avicole de semer de la petite ortie (Urtica urens) dans les enclos réservés à sa volaille. D'autant plus que la petite ortie apprécie beaucoup le fumier de volaille. Mais il faut savoir qu'une fois installée, elle ne quittera plus les lieux.
Dans notre livre " Les vertus de l'ortie ", nous avons suggéré de développer la culture de l'ortie en Bretagne, où la plante, vorace en fumure organique, pourrait bénéficier des surplus de lisier, qui provoquent les marées vertes sur le littoral. Nous avions oublié les élevages avicoles. Mais la méthode que nous préconisons, si elle réduit le coût de l'alimentation des volailles et le temps de travail de l'éleveur, est mieux adapté aux élevages en libre parcours, plus respectueux de l'animal, qu'aux élevages en batterie que nous dénonçons.
Question subsidiaire : Savez-vous quel est le plus gros bénéficiaire français des subventions de la Politique Agricole Commune entre octobre 2007 et octobre 2008 ?
Le géant de la volaille Doux, avec 62,82 millions d'Euros, suivi par toute l'industrie sucrière et un autre exportateur de volaille 1er prix : Tilly-Sabco (20,52 M€).
En somme, l'Europe récompense la cruauté érigée en art de vivre et les usines qui fabriquent des diabétiques et des obèses à la chaine.
Il y a quelque chose de vicié dans le système !
Bibliographie sommaire :
- Hubert Prolongeau - Amazonie une mort programmée ? Éd. Arthaud, Paris, 2009.
- Aurélie Billon, ENESAD ; Emmanuelle Neyroumande, Cyrille Deshayes, WWF-France - Vers plus d'indépendance en soja d'importation pour l'alimentation animale en Europe - cas de la France - Janvier 2009
-
Eric Darche - Protéines mode d'emploi. Nexus n°62, mai-juin 2009.
Cet article a été repris et développé dans notre nouveau livre en ligne : Être végétarien, le bon choix ? (format PDF, pages 53 à 70).
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